SecteurF1 a pu échanger avec Stéphane Guerin en charge des opérations piste pour l’académie junior Mercedes. Le Français, qui travaille notamment avec Frederik Vesti, Paul Aron ou encore Kimi Antonelli, nous détaille le fonctionnement de l’académie des Flèches d’Argent.
Qui êtes-vous et quel est votre rôle ?
Je m’appelle Stéphane Guérin, je suis en charge des opérations piste pour l’académie Mercedes. Je m’occupe uniquement des pilotes en monoplace. Gwen Lagrue s’occupe des jeunes en karting et gère aussi l’ensemble du programme.
Quel a été votre parcours ?
Comme les pilotes, j’ai commencé par le karting comme mécanicien dans ma propre équipe. Ensuite, j’ai monté mon équipe de Formule Renault : SG Formula. Par la suite, j’ai rejoint Lotus où on a lancé des pilotes comme Esteban Ocon, Alexander Albon, Mathieu Vaxiviere. J’ai travaillé par la suite exclusivement avec Nicholas Latifi pour l’emmener jusqu’en Formule 1. En 2020, avec le Covid, j’étais avec Romain Grosjean, et je suis rentré chez Mercedes dans la foulée.
Vous êtes deux personnes de chez Mercedes avec Frederik Vesti chez Prema, pouvez-vous expliquer vos rôles ?
Il y a John Noonan, son physiothérapeute qui est là pour s’occuper de la partie “physique“ du pilote, comme tout physiothérapeute. Pour ma part, c’est un travail de coordination avec le team, le développement du pilote et son accompagnement. Mon rôle est de faire en sorte de rendre le pilote prêt à rentrer en Formule 1 si ce dernier doit être appelé par une équipe.
Comment se passe votre relation avec Frederik Vesti ?
Fred est un garçon très Nordique avec beaucoup de “process”, très scolaire et très ouvert. Il accepte facilement la critique et l’autocritique n’est pas un problème. C’est un pilote très intelligent et rapide. Il colle bien à la philosophie du programme. Fred travaille dur et ne se contente pas seulement de son talent.
À qui devez-vous rendre des comptes chez Mercedes ?
À tous ceux qui me demandent des comptes (rires). On rend des comptes principalement à Toto Wolff, aussi à Jérôme d’Ambrosio, qui en termes de référent chez nous a remplacé James Vowles (parti chez Williams en tant que team principal, ndlr). Jérôme [d’Ambrosio] est jeune dans son métier, j’espère il va nous apporter une bonne dynamique. On est plutôt bien chez Mercedes.
Quels pilotes avez-vous sous votre aile actuellement ?
Je m’occupe de Frederik Vesti qui est en Formule 2. Pour ce qui est de la Formule 3, il y a Paul Aron. En FRECA, nous avons Kimi Antonelli. Et je commence à suivre d’un œil le jeune Alex Powell en karting car son arrivée en monoplace devrait arriver assez rapidement. On commence déjà à le former aux méthodes de monoplace. Si le travail est bien fait, il devrait être le prochain sur la liste.
Et par le passé ?
Beaucoup de pilotes, j’ai pu avoir Estban Ocon, Jules Bianchi, Daniel Ricciardo, des garçons qui ont fait un bon bout de chemin, même si malheureusement Jules n’a pas eu la chance de pouvoir être là où il aurait dû être : avec les meilleurs en Formule 1. J’ai aussi pris énormément de plaisir à la relance de Juan Manuel Correa après son accident (à Spa en 2019, ndlr).
Un cas comme Kimi Antonelli que l’on envoie très vite au plus haut niveau, est-ce compliqué à gérer ?
Nous ne devons pas être dans l’enthousiasme général, qui est beaucoup trop élevé. Kimi est très jeune, il n’a que 16 ans. Il a en effet, pour l’instant, coché toutes les cases, que ce soit en karting ou en monoplace, lors des championnats qu’il a remportés. Il est vrai qu’il y a beaucoup d’excitation autour du pilote, même chez nous en interne. Tous les pilotes sont traités équitablement, nous avons aucune préférence. Ils sont tous sur des programmes différents. Il y a beaucoup de rigueur, de travail et surtout beaucoup de vigilance sur ce qui se passe autour. Il y a la passion italienne qui fait son apparition, qui déclenche beaucoup de choses autour de lui, même s’il le mérite. C’est un pilote talentueux et très attachant.
Est-ce que vous regardez les autres pilotes ?
Oui totalement. Il faut regarder les autres pilotes car on apprend des autres. Je trouve que cette année en Formule 2 nous avons un championnat très compétitif avec beaucoup d’excellents pilotes, et quasiment que des top teams avec de solides méthodes de travail. Il faut toujours regarder ce qu’il se fait autour.
Désormais, les pilotes doivent se professionnaliser plus tôt, votre but est aussi de les accompagner sur ce point ?
Ils sont déjà assez professionnels, c’est plus une question de méthode avec tout ce qui se rajoute. Souvent nous parlons de simulateur, il n’y a pas que ça. La préparation des jeunes est beaucoup plus pointue sur l’aspect physique et mental. On essaye aussi grâce au fait que nous soyons un top team en Formule 1 d’apporter des méthodes qui sont résolument collées à ce que fait l’équipe F1 pour s’en imprégner. Nous l’avons vu l’an passé lorsque Fred Vesti a eu la chance de faire les essais rookies d’après-saison à Abou Dhabi, il était prêt. C’est notre rôle de faire en sorte qu’ils soient prêts le jour où ils montent dans la voiture.
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